La nativité

Comprendre la Scène

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La Nativité représente l’accouchement de Marie.

La Vierge est encore allongée tandis que Joseph réchauffe l’enfant emmailloté, ou éclaire l’étable, puisque la naissance a eu lieu la nuit. S’y ajoute des anges, un âne, un bœuf …  deux sages femmes qui préparent ou donnent un bain à Jésus, ce qui  préfigure son baptême. Chaque personnage a donc une fonction et la scène est un  peu éclatée.

Le texte de Luc  précise seulement que  la naissance  a lieu  de nuit et dans une crèche, c'est-à-dire une mangeoire pour bestiaux. La nuit étant difficile à représenter, jusqu’au XVIème s on en garde simplement l’étoile.

Les évangiles apocryphes   fournissent des détails qui manquent chez Luc : une grotte, l’âne et le bœuf … et la légende des deux sages femmes. L’une croit à la virginité de Marie, l’autre est incrédule, punie, sa main est desséchée puis guérie lorsqu’elle l’approche de Jésus. Cette légende est supprimée par la Réforme catholique, qui préfère les symboles comme celui de l’agneau que les bergers apportent, et qui évoque  le  sacrifice futur du Christ. 

Mais d'autres images comme celle-ci  représentent l’Adoration  de l’enfant Jésus

Nativité; 1524 miniature sur vélin; extrait d'un livre d'Heures français; manuscrit "Den Haag, MMW, 10 F 33"; Museum Meermanno La Haye  Muséum Meermanno

Cette Nativité représente un nouveau né, soit  nu et posé sur des  linges, soit emmailloté. Il est vivement éclairé comme s’il était lui-même source de lumière. Marie et Joseph l’adorent, le plus souvent  à genoux

Puisque l’évangile parle de la venue des  bergers, ils ont toute leur place dans l’Adoration de l’enfant alors qu’ils étaient mal venus dans l’intimité de l’accouchement. Les bergers sont souvent musiciens et répondent ainsi aux anges. Comme les mages ils apportent des présents : un agneau, une flûte et une  houlette, c'est-à-dire un grand bâton de berger. Des bergères les  suivent parfois, offrant du lait et de la volaille.

A partir du 17^ème siècle cette scène   s’accompagne d’anges nombreux alors que les animaux disparaissent ou sont cachés et que  Joseph  désigne Jésus aux bergers tandis que Marie reste en prière.

L’Adoration domine puis remplace la Nativité à la fin du Moyen Age pour exalter la Vierge Marie.

On veut supprimer les douleurs de l’accouchement qui feraient de Marie une femme ordinaire, et on s’appuie sur les visions de Ste Brigitte pour rendre la naissance surnaturelle. L’Adoration devient une épiphanie, c'est-à-dire une manifestation de Dieu, et quelques œuvres représentent Dieu le Père et la colombe de l’Esprit au dessus de l’Enfant Dieu, comme le jour du baptême du Christ.

Ne pas confondre

Connaître le récit biblique

Evangile selon Luc ch 2  

Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s'appelle Bethléem, - parce qu'il était de la maison et de la lignée de David - afin de se faire recenser avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. Or il advint, comme ils étaient là, que les jours furent accomplis où elle devait enfanter. Elle enfanta son fils premier-né, l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu'ils manquaient de place dans la salle.

Un ange annonce aux bergers :"Aujourd'hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David"... Et soudain se joignit à l'ange une troupe nombreuse de l'armée céleste, qui louait Dieu, en disant :  "Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance !"

Signification

Le récit de la naissance de Jésus est important puisque les chrétiens croient que c’est Dieu qui s’incarne, non pas par un quelconque prodige, mais comme tout être humain, en naissant d’une femme.

La naissance à Bethléem de Judée, alors que Joseph et Marie sont de Nazareth en Galilée, fait de Jésus un  nouveau David, lui aussi originaire de Bethléem.

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Découvrir des prolongements

Noël

Noël est la fête de la paix car les anges  proclament « Gloire à Dieu et Paix sur la terre aux Hommes », pendant des siècles il fut de tradition d’arrêter les combats cette nuit, c’était la trêve de Noël. 

En français le mot Noël est assez différent de Nativité, il vient du latin natalis, qui a donné nael puis noël. La naissance de Jésus est célébrée  le 25 décembre. La date  a été fixée par le pape en 354, elle  remplace une fête de la Rome  païenne  en l’honneur du soleil. En effet la fête de Noël qui correspond aux jours les plus courts de l’année, célèbre la victoire de la Lumière sur la Nuit.

On disait  souvent trois messes celle de la nuit, celle de l’aube, et celle du jour. La messe de minuit est restée une tradition et lorsqu’il  était interdit de manger avant la messe, elle était suivie du réveillon ou repas de nuit, Alphonse Daudet en a fait un joli conte.

Le folklore de Noël

La confection d’une crèche  est une  tradition qui remonte à Saint François d’Assise au XIIIème s.   Cela devint  très populaire surtout en Italie et en Provence où l’on utilisa de petit mannequins ou des personnages de terre, les santons, qui personnifient, non seulement Marie, Joseph… les bergers mais aussi les habitants du village saisis en pleine occupation, comme si la Nativité se reproduisait ici et là, chaque année.

L'enfant Jésus est entouré par les mages et les bergers accompagnés de  nombreux musiciens, tous se trouvent dans une ruine qui symbolise le vieux monde qui va être renouvelé par la naissance du Christ

Crèche du XVIIIème s.;
Collection du Musée national du Moyen Âge,
Paris, France Ministère Culture

 Jésus est né au Moyen Orient sous un climat méditerranéen chaud, mais la fête a été européanisée : on  dresse un sapin, tradition d’origine allemande, et on le couvre de neige ; autrefois on faisait brûler une grosse bûche pendant toute la nuit, il reste aujourd’hui un bon gâteau de la même forme.  Quant aux cadeaux ils ont pour origine les étrennes ou présents  de bon augure du nouvel an. Ils ont été offerts pour Noël d’abord aux enfants, puis à tous. Noël est un bon exemple de sécularisation  d’une fête religieuse, c'est-à-dire de son transfert du domaine religieux au domaine social avec toute la dimension économique que cela suppose.

 La reine Vitoria et son époux mettent  l'arbre de Noël allemand
avec ses lumières brillantes au centre de la fête familiale de Noël
au château de Windsor.

Le sapin de Noël a été popularisé par les protestants d'Allemagne qui refusaient la crèche catholique. L'arbre rappelle l'arbre de Vie du Paradis terrestre . C'est au XIXème s. qu'il se répand dans toute l'Europe et aux Etats Unis. En France c'est Hélène de Mecklembourg, mariée au duc d'Orléans, qui fait décorer un sapin aux Tuileries en 1837, puis les Alsaciens chassés après 1870 de leur province, répandent le sapin dans tout le pays.

Et le Père Noël ? La personnification d’une fête est assez classique, les Scandinaves célèbrent Sainte Lucie dont le nom signifie lumière, les habitants de la vallée du Rhin et des plaines du Nord confient à Saint Nicolas, fêté le 6 décembre, le soin d’apporter des friandises aux enfants. Il était difficile de folkloriser l’Enfant Jésus, et le nom du Père Noël ,« sires Noeus », apparaît dès le 13^ème siècle dans une chanson d’Adam de la Halle. Mais il faut attendre le 20^ème siècle pour voir le personnage se répandre peu à peu en Europe,   ce sont sans doute les Allemands protestants  qui amenèrent aux Etats-Unis leur « Weihnachtsmann ou homme de Noël » pour détrôner le « papiste » St Nicolas. Ce Père Noël, devenu héros américain, revint triompher en Europe.