Jugement de Salomon
Comprendre la Scène
On peurt voir sur cette image... et sur d'autres
Le roi Salomon rend justice, deux femmes se plaignent devant lui, entre elles un enfant mort.
Chacune proclame qu'elle n'est pas la mère de cet enfant mort, mais celle de celui qui est toujours vivant. Ce dernier est tenu par un soldat et le roi lui ordonne de le partager en deux pour que chaque mère en ait la moitié.
Le roi est assis sur un trône placé souvent au centre, Il ordonne par un geste, sur le côté des courtisans observent
Les soldats tiennent l'enfant vivant et s'apprêtent à le couper en deux.
Les deux femmes prennent généralement des expressions opposées : l’une est satisfaite et encourage le soldat, l’autre est bouleversée et supplie le roi d’arrêter en reconnaissant que l'autre femme est la vraie mère. C'est un mensonge pour éviter la mort de l'enfant.
La représentation prend modèle sur un tribunal de l’époque antique ou médiévale, elle est cependant assez rare au Moyen Age.
Ne pas confondre
Le massacre des innocents
On peut confondre ce jugement avec le massacre des Innocents raconté au chapitre 2 de l’évangile selon Matthieu.
Le roi Hérode furieux de ne pouvoir tuer l’enfant Jésus que les mages lui ont annoncé comme le futur roi des Juifs, fait massacrer tous les bébés de Bethléem.
La scène montre des soldats égorgeant des enfants et des mères folles de terreur, le roi assiste à la scène. Les enfants sont souvent nombreux et réellement tués.
Lectionnaire de l'abbaye St Magloire à Paris, 15 ème s.
Bibliothèque Mazarine Ms 0399
Connaître le récit biblique
1er Livre des Rois ch. 3
Le roi Salomon, fils de David, règne à Jérusalem, autour de 950 av J.C , comme un bon roi il rend la justice avec sagesse.
Deux prostituées s'adressent à lui, elles ont chacune un jeune enfant du même âge, mais l'un est mort, étouffé pendant son sommeil. Chacune se proclame la mère de l'enfant vivant. Salomon demande alors:
"Apportez-moi une épée", ordonna le roi ; et on apporta l'épée devant le roi, qui dit : "Partagez l'enfant vivant en deux et donnez la moitié à l'une et la moitié à l'autre."
Alors la femme dont le fils était vivant s'adressa au roi, car sa pitié s'était enflammée pour son fils, et elle dit : "S'il te plaît, Monseigneur ! Qu'on lui donne l'enfant vivant, qu'on ne le tue pas !" mais celle-là disait : "Il ne sera ni à moi ni à toi, partagez !" Alors le roi prit la parole et dit : "Donnez l'enfant vivant à la première, ne le tuez pas. C'est elle la mère."
Voir d'autres images voisines
Salomon au centre de la composition, juge comme Dieu au jour du Jugement dernier, mais la méchante femme n'est pas toujours à sa gauche.
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Le jugement de Salomon; VALENTIN de Boulogne; 1625, huile sur toile; Musée du Louvre, Paris |
Le jugement de Salomon; Nicolas POUSSIN; 1649 huile sur toile; Musée du Louvre, Paris |
La bonne mère devient le centre de la composition, c'est elle qui suscite la parole du roi.
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Le jugement de Salomon; Nicolav GAY; 1854, huile sur toile; Musée de l'art, Kiev |
Le jugement de Salomon; RAPHAEL;1509-11 fresque; Chambre de la Signature, Palais du Vatican |
Le personnage central est cette fois le soldat qui va frapper l'enfant . La bonne mère arrête son geste, le roi observe.
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D'après Le jugement de Salomon; Andrea MANTEGNA; 1490-1500 tempera sur toile; Musée du Louvre, Paris |
Le jugement de Salomon; NANNI di Bartolo; 1424-38 pierre; Palais ducal de Venise |
Deux représentations médiévales, même roi, même soldat, mais grande différence dans l'attitude des femmes
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Le jugement de Salomon; Bible 12 ème s. ; Orléans BM, ms 0033 |
Le jugement de Salomon; 1372 miniature; extraite de la "Bible Historiale" de Petrus Comestor, manuscrit "Den Haag, MMW, 10 B 23"; Bibliothèque royale, La Haye
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Découvrir des prolongements
La sagesse de Salomon est proverbiale.
Sagesse politique puisqu' Il possède l’entendement et le discernement du bien et du mal pour gouverner le peuple. Mais la sagesse de Salomon s’étend à bien d’autres domaines puisqu’il « prononça trois mille proverbes…parla des quadrupèdes, des oiseaux et des poissons ».
On pensait autrefois qu'il avait écrit plusieurs livres de la Bible dont celui de la Sagesse et celui des Proverbes.
Mais selon ces textes, son amour des femmes le détourna de Dieu. Un homme célèbre pour sa sagesse, se laissa séduire jusqu’à la folie…
La bonne justice
Rendre une bonne justice, juger selon la Sagesse et non selon un simple code. Ce pouvoir et cette qualité ont été revendiqués par les souverains européens. Sur cette image d'un manuel scolaire du XIXème s. représentant le roi saint Louis sous son chêne, on reconnaît bien la filiation de Salomon