David est oint, bois gravé, extrait d’un ouvrage de Martin Luther (n°1563 LuthB), publié en 1563 ; Pitts Theology Library, Emory University, Atlanta
Pitts Library
David reçoit l'onction de Samuel
Comprendre la Scène
On peut voir sur cette image...et sur d'autres
Un vieillard verse de l'huile sur la tête d'un jeune homme, Samuel oint David.
Samuel est un vieillard, il a rempli une corne de bovin avec de l’huile et il la verse solennellement sur la tête de David. Parfois la corne est remplacée par un vase ou une fiole. Samuel ne fait qu’obéir à Dieu et on peut représenter la main de Dieu qui touche la corne pour manifester sa volonté
David est un adolescent, parfois sortant juste de l’enfance. Malgré le texte il n’est pas toujours roux, il est souvent habillé comme un berger, portant souvent son bâton, mais il peut aussi prendre des allures nobles ou royales.
L’onction de David par Samuel est un geste simple qui n’a rien d’une cérémonie de sacre. Le cadre est souvent champêtre et la famille de David peut assister à la scène, son père Jessé et ses sept frères. Si une femme est présente ce n’est pas la mère de David mais une allégorie de l’Humilité.
Ne pas confondre
Samuel oint Saül ; in "Historiae celebriores Veteris Testamenti Iconibus representatae", 1712. Pitts Theology Library Digital Image Archive: |
Saül
Le premier à recevoir l'onction de Samuel a été Saül. Il est devenu roi, mais comme il ne respecte pas Dieu, ce dernier choisit David. Il n'y aucun moyen de reconnaître l'onction de Saül de celle de David, mais sa représentation est beaucoup plus rare.
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Baptême du Christ; Andrea VERROCCHIO et Leonardo da VINCI; 1473-78, tempera et huile sur bois; Galerie des Offices, Florence
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Le baptême de Jésus.Jean Baptiste verse de l'eau sur la tête de Jésus. Ce dernier est un homme et non un adolescent, il est dévêtu, plus ou moins dans l'eau. |
Connaître le récit biblique
1er Livre de Samuel ch. 16
Les Hébreux ont voulu faire comme les autres peuples et avoir un roi. Vers 1035 av JC le prophète Samuel a donné l’onction à Saül, choisi par Dieu. Mais Saül est un mauvais roi et Dieu décide d’en choisir un autre, un fils de Jessé
Samuel se rend à Bethléem chez Jessé pour oindre un de ses fils. Lorsqu’il voit son fils aîné :
… il se dit : "Sûrement, pour Yahvé c'est son oint. Mais Yahvé dit à Samuel : "Ne considère pas son apparence ni la hauteur de sa taille, car je l'ai écarté. Il ne s'agit pas de ce que voient les hommes, car ils ne voient que les yeux, mais Yahvé voit le cœur."
Samuel voit ainsi successivement les 7 fils de Jessé, mais aucun ne plaît à Dieu, et le plus jeune garde le troupeau.
"Jessé l'envoya chercher : il était roux, avec un beau regard et une belle tournure. Et Yahvé dit : "Va, donne-lui l'onction : c'est lui ! » Samuel prit la corne d'huile et l'oignit au milieu de ses frères. L'esprit de Yahvé fondit sur David à partir de ce jour-là et dans la suite.
Signification
Samuel est prophète et il agit au nom de Dieu. L’huile parfumée utilisée habituellement pour soigner a pris une valeur religieuse. C’est pourquoi les prêtres juifs recevaient une onction d’huile mais aussi les rois choisis par Dieu, Saül puis David.
Le nom onction donne le verbe oindre et l’adjectif oint.
L’oint du Seigneur se dit messie en hébreu, David est un messie.
Des siècles plus tard certains Juifs reconnaîtront un « nouveau David », un autre « messie », nom qui se traduit en grec par Christos
Voir d'autres images voisines
L'onction de David a lieu dans une maison qui peut prendre les dimensions d'un palais. Il est avec son père et au milieu de ses frères.
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Samuel sacre David roi ; RAPHAËL; 1518-19 fresque ; Loggia de Raphaël, Palais du Vatican
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Samuel oint David ; illustrateur inconnu ; ; 1712 gravure sur cuivre ; in "Historiae celebriores Veteris Testamenti Iconibus representatae" de Caspar Luiken |
David est souvent vu comme un très jeune adolescent et le Moyen Age ne craint pas de le représenter avec ses cheveux roux. |
Samuel sacrant David ; MASTER du Psautier d' Ingeborg ; après 12054, tempera et or sur parchemin ; J. Paul Getty Museum, Los Angeles |
D'après Samuel oint David; Illustrateur de la Bible d'Utrecht vers 1430; manuscrit "Den Haag, KB, 78 D 38 I", Bibliothèque royale, La Haye
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Par cette onction David devient le roi choisi par Dieu, d'où son assimilation au roi sacré portant sceptre ou au roi couronné. A noter que sur l'image de droite, David est un vieillard ce qui est très rare et erroné. |
Samuel oint David ; Maître français inconnu ; C. 1250-1300 Miniature, manuscrit "Den Haag, MMW, 10 E 35" ; Museum Meermanno Westreenianum, La Haye |
David oint par Samuel; miniature XV° s. par l'illustrateur du Bréviaire de Martin d'Aragon, Bibliothèque Nationale de France, Paris
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Découvrir des prolongements
Les sacrements chrétiens
Les onctions d’huile parfumée sur le corps ont eu une grande importance depuis l’Antiquité.
C’est pourquoi l’Eglise catholique les a utilisées comme des signes visibles de la grâce de Dieu.
C’est le cas de quatre sacrements : le baptême (en plus du signe de l’eau), la confirmation, le sacrement de « l’ordre » pour les prêtres et les évêques et le sacrement donné aux malades et aux mourants encore appelé "extrême-onction".
Sacrement de confirmation
Dans tous ces cas l’onction n’est plus faite d’huile liquide répandue sur la tête, mais de crème ou « chrême », sur le front.
Le sacre royal
Les empereurs romains ne recevaient pas d’onction, mais les rois germaniques devenus chrétiens voulurent faire marquer leur choix par Dieu, leur caractère sacré en reprenant le rite de l’onction de Samuel à David.
C’est Pépin le Bref, le père de Charlemagne, qui se fit « oindre » le premier en 754 à Reims , il donnait ainsi à son pouvoir un caractère « sacré » . Le roi n’était plus seulement un chef victorieux, il devenait le représentant de Dieu.
Les Carolingiens, puis les Capétiens gardèrent le rite de l’onction qu’on appela « sacre ». Certains voulurent en faire un vrai « sacrement » mais l’Eglise ne l’admit jamais. Ce sacre se répandit dans les autres monarchies européennes et subsiste toujours en Angleterre.
Sacre de Louis IX
Enluminure du XIII° siècle (vers 1280)