Comprendre la Scène
On peut voir sur cette image... et aussi sur d'autres
Abraham, s’apprête à poignarder son fils Isaac. Le bras de l’homme est retenu par la main de Dieu ou par un ange, qui lui demande de ne pas tuer l’enfant.
Abraham est toujours un vieillard barbu qui brandit son couteau de la main droite, mais son regard est attiré par Dieu, représenté par une main ou plus souvent par un ange. Ce dernier peut aussi arrêter le bras d'Abraham qui s'apprêtait à tuer son fils.
Isaac est représenté soit comme un enfant, soit comme un adolescent. Il est debout , accroupi ou allongé sur un autel de pierre ou sur un bûcher, il est souvent attaché et toujours tenu par la main gauche de son père,
Un mouton ou un bélier est plus ou moins visible, ici il est déjà sur l’autel du sacrifice mais souvent il reste seulement à proximité, parfois les cornes prises dans un buisson. C’est l’animal qui sera sacrifié à la place d’Isaac.
Le sacrifice désignant en français celui qui sacrifie et celui qui est sacrifié, on peut nommer la scène : le sacrifice d’Abraham ou le sacrifice d’Isaac. La première dénomination est la plus fréquente.
Ne pas confondre

Le Sacrifice d’Iphigénie ; Jean-Bernard Restout (1732-1797) ; vers 1760, huile sur toile ; Le Musée Georges de La Tour à Vic-sur-Seille
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Hors Bible : le sacrifice d'Iphigénie
On peut rapprocher le sacrifice d’Isaac de celui d’Iphigénie, récit de la mythologie grecque. La jeune fille doit être sacrifiée par son père, le roi Agamemnon, s'il veut obtenir des vents favorables pour aller assiéger Troie. Au dernier moment la déesse Artémis remplace Iphigénie par une biche, comme le Dieu biblique remplace Isaac par un bélier. Mais les différences sont nombreuses. Dans le mythe grec le sacrifice a un objet précis, obtenir un vent favorable, alors que dans la Bible, Abraham obéit à une demande de Dieu dans lequel il a une confiance, une foi absolue. Iphigénie est enlevée dans les nuées par Artémis, qui lui substitue la biche, alors que Dieu ne remplace pas Isaac, il arrête le bras d’Abraham et lui explique qu’il ne faut pas sacrifier son fils. Enfin Iphigénie devient la prêtresse d’Artémis à Ephèse, où elle est chargée d’immoler les étrangers à la déesse.
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Connaître le récit biblique
Livre de la Genèse ch.22
Malgré leur grand âge, Abraham et Sara ont eu un fils, Isaac, le fils de la promesse. L’enfant grandit mais Dieu met Abraham à l’épreuve, il lui demande de le lui offrir en sacrifice. Abraham part avec Isaac et des serviteurs, puis arrivés au pied de la montagne que Dieu lui a indiquée, le père et le fils montent seuls avec du bois pour le feu de l'offrande.
"Quand ils furent arrivés à l'endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham y éleva l'autel et disposa le bois, puis il lia son fils Isaac et le mit sur l'autel, par-dessus le bois Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils."
Mais l'Ange de Dieu l'arrête en disant :"N'étends pas la main contre l'enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique."
Et Abraham aperçoit un bélier qu'il offre en sacrifice à la place de son fils.
Signification
Abraham est le père des croyants, Dieu lui a promis une descendance nombreuse. Voir Abraham et les trois visiteurs
La naissance d’Isaac réalise cette promesse, alors que la demande du sacrifice semble la nier. Et Abraham, dont la confiance en Dieu est totale, obéit. Mais Dieu ne veut pas la mort de l’enfant, il voulait seulement éprouver Abraham.
Si pour les Juifs le sacrifice d’Abraham représente la soumission absolue à la volonté de Dieu, les Chrétiens y ont vu l’annonce ou la préfiguration du sacrifice de Jésus-Christ,la victime innocente, l’Agneau de Dieu qui accepte la mort dans la soumission et la confiance envers Dieu
Voir d'autres images voisines
Plusieurs positions pour Isaac sont possibles : ici il a un genou sur l'autel, l'ange détourne le geste d'Abraham avec plus ou moins de force. |

Le sacrifice d'Abraham ; Andrea del SARTO ; Gemäldegalerie, Dresde
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Le sacrifice d'Isaac ; DOMENICHINO ; huile sur toile; Museo del Prado, Madrid
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Là Isaac est ligoté et couché sur l'autel.
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Le sacrifice d'Isaac ; Marc CHAGALL ; 1960, huile, Musée Chagall
Musée Chagall
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Le sacrifice d'Abraham ; REMBRANDT ; 1635 huile sur toile; Musée de l'Ermitage , St. Petersbourg
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Selon les supports la scène prend d'autres formes, Tiepolo occupe une voûte, le sculpteur de Chartres, modèle une sorte de colonne.
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Le sacrifice d'Isaac; TIEPOLO, Giovanni Battista ; 1726-29 fresque Palazzo Patriarcale, Udine;
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Le sacrifice d'Abraham ; pied droit gauche de portail central ; cathédrale de Chartres
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Il existe des scènes préparatoires au sacrifice: Abraham et Isaac arrivent au pied de la montagne et renvoient les serviteurs, ils montent au sommet de la montagne, préparent l'autel... Abraham lie les mains de son fils. L'oeuvre du Monogrammiste de Brunswick est construite comme une bande dessinée.
L'image de la fin du Moyen Age prend modèle sur une exécution
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Le sacrifice d'Abraham, Monogrammiste de Brunswick ; peinture flamande 1ère moitié du XVIème s. huile sur bois, Musée du Louvre, Paris
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Le sacrifice d'Isaac ;DREUX, Jean ; C. 1450-1460 miniature sur vélin manuscrit "Den Haag, MMW, 10 A 21" ; Museum Meermanno Westreenianum, La Haye
Musée Meermanno La Haye
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Le sacrifice vu par Le Caravage, peintre italien 1573-1610. Il prend ses modèles parmi le petit peuple et donne une dimension particulièrement réaliste.
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Le sacrifice d'Isaac ; LE CARAVAGE ; 1598-99 ; huile sur toile; Johnson Collection, Princeton
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Le sacrifice d'Isaac ; LE CARAVAGE ; 1601-02 huile sur toile ;Galleria degli Uffizi, Florence
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Découvrir des prolongements
Interdiction du sacrifice humain
Cette scène est l’une des plus célèbres de la Bible car elle est à l’origine d’un des interdits les plus importants de notre civilisation, celui des sacrifices humains.
Dans certaines civilisations antiques, et notamment dans la région du Proche orient où vivait Abraham, il était de tradition d’offrir le premier né en sacrifice aux dieux. C'est-à-dire de l’égorger sur un autel, puis de brûler son corps, comme on le faisait avec les autres animaux. Ainsi on comprend mieux qu’Abraham puisse accepter de sacrifier Isaac, sans manifester sa surprise. Mais le Dieu d’Abraham n’est pas comme ceux de ses voisins, il arrête son bras et lui demande d’offrir un mouton.
Le récit, appuyé par l’image, est le fondement de l’interdiction de tout sacrifice humain pour « les enfants d’Abraham » c'est-à-dire les trois religions : juive, chrétienne et musulmane. Cette interdiction n’a pas toujours été respectée mais elle a permis de dénoncer ceux qui passaient outre.
L'Aïd el kébir
Le sacrifice d'Abraham est aussi reconnu par les Musulmans qui fêtent toujours cet évènement en sacrifiant un mouton, c’est l’Aïd-el-kébir ou Grande Fête des sacrifices.
Mais pour de nombreux Musulmans, Abraham ne sacrifie pas Isaac mais Ismaël, le fils qu'il avait eu, avant Isaac, de la servante Agar, car sa femme Sara était stérile. Selon la tradition Ismaël est l'ancêtre des Arabes
A Dakar chez le directeur de l'école Pikine 3 Poteaux, comme dans chaque maison de famille musulmane, on égorge le mouton selon un rituel très précis : en faisant d'abord une prière, en orientant l'animal vers la Mecque, en se servant d'un outil bien tranchant et le sacrifice est fait par une personne expérimentée. Les fils regardent pour apprendre
