La circoncision; Simon BENING; 1525 tempera et or sur parchemin; extrait du livre de prières du cardinal Albert de Brandebourg; J. Paul Getty Museum, Los Angeles
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La circoncision et la présentation au Temple
Comprendre la Scène
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C'est le temple de Jérusalem qui unifie la représentation de deux ou trois évènements différents.
La circoncision de Jésus est comme pour tout bébé juif mâle, une cérémonie familiale qui a lieu huit jours après la naissance. Elle est faite à domicile, un homme spécialisé coupe le prépuce, le père donne le nom de l’enfant et lui impose les mains.
La représentation de cette scène est souvent réaliste mais la cérémonie est souvent placée dans le temple de Jérusalem, ce qui en supprime le caractère familial mais la présence de l’autel sert à mettre le sang de la circoncision en relation avec celui de la Passion, on ajoute parfois un agneau.
Le rôle de Joseph et Marie, très important au Moyen Age, s’estompe après pour mettre en valeur celui du prêtre.
Quand la circoncision est isolée elle peut être facilement confondue avec d’autres circoncisions, celles d’Isaac et de Samson notamment, mais dans ce cas le rôle de la mère est effacé.
Les « relevailles » de Marie marquent son retour à la vie publique. En effet toute accouchée était « impure » et la purification ou « relevailles » devait avoir lieu quarante jours après l’accouchement. Cette cérémonie n’est pas directement représentée mais dans la mesure où Marie est au Temple, la purification a dû avoir lieu, ce qui est impossible puisque la circoncision est faite seulement 8 jours après la naissance.
La présentation de Jésus au Temple est un rite public de consécration à Dieu du premier né, l’enfant étant « racheté » par l’offrande d’un animal. La représentation suit le récit de Luc en mettant l’accent sur Marie qui présente l’enfant sur l’autel et apporte des colombes. Le vieillard Siméon, habillé en prêtre et la prophétesse Anne sont souvent présents mais plus ou moins reconnaissables.
L’accent est parfois mis sur Siméon, il prend l’enfant dans ses bras et chante un cantique traditionnellement appelé « nunc dimittis » c'est-à-dire « maintenant laissez aller… » tandis qu’Anne porte le texte de la prophétie
L'image mélange souvent toutes ces cérémonies au milieu d’une foule souvent importante, ce qui rend parfois difficile la lecture de la scène.
Connaître le récit biblique
Evangile selon Luc ch 2
Jésus est né
Et lorsque furent accomplis les huit jours pour sa circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué par l'ange avant sa conception.
Et lorsque furent accomplis les jours pour leur purification, selon la loi de Moïse, ils l'emmenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon qu'il est écrit dans la Loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur, et pour offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la Loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes.
Un homme juste et pieux du nom de Siméon « attendait la consolation d'Israël », il reçoit l’enfant dans ses bras bénit Dieu et dit :
"Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s'en aller en paix ; car mes yeux ont vu ton salut..."
Une vieille femme prophétesse du nom d’Anne se met aussi à louer Dieu pour la naissance de cet enfant.
Signification
Ces récits montrent que Jésus est vrai homme et un vrai Juif soumis à la Loi. La circoncision est le signe de l’Alliance entre Dieu et Abraham, elle est le rite fondamental d’appartenance au Peuple juif. La fin du texte annonce que Jésus est le Messie attendu par ceux qui espèrent comme Siméon et Anne.
Voir d'autres images voisines
Le rite est représenté avec une certaine précision et le rôle de Marie est marginalisé |
La circoncision;Michel PACHER; bois polychrome; partie basse du volet gauche de l'autel de St Wolfgang, église paroissiale |
La circoncision;Luis de CARVAJAL; 1580 huile sur toile; Musée de l'Ermitage, Saint-Petersbourg |
Circoncision et présentation sont associées, Marie joue le rôle principal |
Présentation au Temple; RAPHAEL; 1502 huile sur toile, Pinacothèque, Vatican |
La circoncision; Giovanni BELLINI; 1500 huile sur bois; National Gallery, Londres
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LA PRESENTATION AU TEMPLE |
Présentation au Temple; Rogier van der WEYDEN, 1455 huile sur bois, panneau gauche de l'autel de St Colombe, Alte Pinakothek, Munich
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Ces présentations sont vues comme de vraies offrandes du nouveau né, à gauche l'arrivée de la mère et l'enfant devant l'église, les cierges... tout renvoie à la fête de la Chandeleur. |
Présentation au Temple; frères LIMBOURG; avant 1416 enluminure des "Riches heures du duc de Berry"; Musée Condé, Chantilly |
Présentation au Temple; Simon VOUET; huile sur toile, Musée du Louvre |
Le vieux Siméon reçoit l'enfant et rend grâce avec la prophétesse Anne |
Présentation au Temple; Pierre Paul RUBENS; 1614 huile sur panneau, volet droit du triptyque; Cathédrale, Anvers |
Présentation au Temple; REMBRANDT; 1627 huile sur panneau; Kunsthalle, Hambourg |
Découvrir des prolongements
La circoncision
C’est un vieux rite pratiqué par plusieurs peuples ou religions dont les Juifs et les Musulmans. En Europe occidentale elle a été longtemps un signe distinctif des Juifs, et à ce titre ridiculisé par les antisémites, elle a même servi de « preuve » d’appartenance lors de persécutions. Aujourd’hui elle a pris aussi un caractère prophylactique, notamment dans les pays anglo-saxons, où elle s’est répandue sans aucune signification religieuse.
Un mohel pratique le circoncision le huitième jour
après la naissance d'un garçon
La chandeleur
La fête de la Présentation au Temple est restée célèbre sous le nom de « chandeleur » , elle se situe quarante jours après Noël, soit le 2 février. Le nom vient d’une procession catholique où chacun portait une chandelle, Jésus étant selon Siméon « Lumière pour éclairer les nations».
Pour cette fête on allumait un cierge, une chandelle d'où le nom de "chandeleur". Ce cierge devait être rapporté de l'église jusqu'à la maison, en restant allumé et on lui prêtait des vertus protectrices.
Cette procession a remplacée une fête païenne de la fécondité célébrée avec des flambeaux le 15 février en l'honneur du dieu Pan et de la déesse Proserpine.
Mais sa popularité lui vient surtout de la confection de crêpes qui rappellent par leurs formes, le soleil, donc la lumière. Tradition ancienne puisque le pape Gélase en offrait déjà au V ème siècle aux pèlerins fatigués.
Crêpes que l’on fait sauter et selon un dicton :
« Celui qui retourne sa crêpe avec adresse, qui ne la laisse pas tomber à terre ou qui ne la rattrape pas sous la forme navrante de quelque linge fripé, celui-là aura du bonheur jusqu'à la Chandeleur prochaine »
La chandeleur est donc une fête de sortie de l’hiver mais avec tous les dangers d’un retour du froid, c'est pourquoi Robert Desnos nomme le perce-neige, la "violette de la chandeleur".